Accueil A la une Réforme sécuritaire : La police doit-elle faire sa propre révolution ?

Réforme sécuritaire : La police doit-elle faire sa propre révolution ?

 

Faut-il repenser la formation des agents, dans la mesure où on renoue avec un nouveau code d’éthique? Une nouvelle approche qui tienne compte des droits et obligations. Pour une police qui agisse dans le respect de la loi, au service du citoyen et de l’Etat de droit.

C’est depuis belle lurette que l’on souhaite voir le projet d’une police républicaine prendre corps, à même de reconquérir la confiance du citoyen. Et depuis combien de temps l’on s’attend à ce que l’appareil sécuritaire revienne à la raison et sache que l’époque des anciennes pratiques est révolue.

Une page tournée, mais..

Pourquoi notre police n’a-t-elle pas fait sa propre révolution ? A ses débuts, l’on assistait, épanoui, à un léger changement comportemental aussi éphémère qu’aléatoire, sans aucun plan d’action. En fait, ce fut, alors, une certaine embellie du moral relativement ressentie, à peine déclarée sous l’effet d’une ébullition sociale.

Et puis, rien n’a été fait jusque-là. Retour de manivelle, pour ainsi dire. Soit, une mise au point, ici et maintenant.

La page fut, alors, tournée. Mais le besoin d’une police de proximité qui veille à l’ordre public, en relation directe avec le citoyen, se fait toujours sentir. Ce qui fait que l’on doit recoller les morceaux des liens brisés par un passé souillé d’un régime policier qui allait à l’encontre de ses intérêts et ceux d’une population opprimée. Et qui se croyait, à tort, faiseur de  loi et  usurpateur de tous les droits. Au point de le voir s’acharner contre mensonges et vérités. Comme s’il se battait contre des moulins à vents, prenant, faussement, le citoyen de la rue pour son premier ennemi. Injustement ! Certes, le citoyen tunisien n’a jamais apprécié tout comportement policier excessif, mais il a, quand même, réservé à ces forces de l’ordre respect et leur a rendu, à chaque fois, hommage pour reconnaître leur dévouement.

En toute circonstance, le débat sur le rapport police-citoyen refait surface, et tous les faits marquant sa dégradation sont, visiblement, remis en question. D’où une réforme sécuritaire de fond en comble s’avère de mise. Pris à témoin, le ministre de l’Intérieur, Kamel Feki, est, bel et bien, revenu sur le projet pilote de la police de proximité, perçu comme une pierre apportée à l’édifice républicain.

Aussi salutaire soit-elle, cette initiative digne de ce nom est appelée à être généralisée dans tous les gouvernorats. Le but étant «d’instaurer un climat de confiance mutuelle entre les citoyens et l’appareil sécuritaire», ainsi recommande le ministre, lors de son entretien, mardi dernier au siège de son département, avec la Représentante résidente du Pnud en Tunisie, partenaire engagé dans le projet de la réforme sécuritaire. D’ailleurs, l’approche de la police de proximité, déjà adoptée à Médenine, a été citée en exemple. Idem à Zarzis, Bizerte et à Nabeul.

Police de proximité ?

Qu’est-ce qu’une police de proximité ? C’est le fruit d’un projet de réforme entamé depuis 2011, avec l’appui du Pnud et du Japon, inscrit dans le droit fil de l’amélioration des relations police-citoyen, lesquelles n’ont jamais été au beau fixe. Jusque-là, l’on compte seulement une vingtaine de postes pilotes de police et de la garde nationale dans nombre de régions, afin d’assurer aux usagers les prestations administratives dont ils ont besoin. Cela étant, loin du rôle classique du poste de police, tel qu’il était et l’est encore malheureusement dans nos quartiers et nos villes, vu que nos forces de l’ordre ne sont pas encore habilitées à remplir le devoir d’une police républicaine.

Tout commence par redéfinir le sens d’une institution sécuritaire au service du citoyen. Et qu’on accorde ses violons, quelle police républicaine veut-on ? Il faut dire qu’on doit relancer le débat et repenser les lois l’organisant.

D’ailleurs, l’Observatoire tunisien de la sécurité globale (Otsg) —structure citoyenne créée sous forme d’une association de droit tunisien— en avait, longuement, discuté et proposé autant de plans d’action. Il n’a pas cessé de recommander un véritable changement des mentalités. Même l’intériorisation de l’idée de réforme constitue, pour lui, un indice révélateur d’évolution d’esprit sécuritaire. Comment peut-on, alors, établir un nouveau pacte républicain police-citoyen ? A moins que la nouvelle police de proximité puisse nous apporter la réponse.

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